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Sources et littérature du droit romain médiéval

Les sources de droit romain médiéval

Le Corpus Iuris Civilis au Moyen Âge

Dans la seconde moitié du XIe siècle, apparaît un vaste et durable mouvement d’exhumation, de collationnement, d’interprétation et de diffusion de textes juridiques romains (Conte et Mayali, 2019). Ce mouvement s’inscrit dans le double contexte de la renaissance du XIIe siècle et de la réforme dite “grégorienne”. Il aboutit à l’apparition ou la réapparition en Europe occidentale des compilations de Justinien, immense recueil de droit romain mettant en forme un millénaire de tradition juridique romaine et réalisée dans l’Empire d’Orient au VIe siècle (529-565). Ces compilations justiniennes sont organisées en quatre volumes :

Au XIIe siècle, les étapes complexes de l’exhumation des manuscrits des Compilations imposent un nouveau découpage (Radding et Ciaralli, 2007). Les médiévaux connaissent ainsi les compilations justinienn es sous la forme de cinq volumes :

La version des compilations circulant communément au Moyen Âge et dans la première moitié du XVIe siècle est désignée sous le terme de « Vulgate ». Elle diffère sur quelques points des éditions modernes (différence de numérotation et/ou différences de lectures de certains passages), la Vulgate et les éditions modernes étant fondées sur deux traditions manuscrites distinctes.

Les éditions de référence du Corpus romain

Les éditions anciennes de référence sont l’édition « Fehius » [Corpus iuris civilis Iustinianei cum commentariis Accursii…, studio et opera Joannis Fehii, Lyon, 6 vol. in fol., 1627 (réimpr. Osnabrück, Otto Zeller Verlag, 1966)] et l’édition « Godefroy » ou « Godefroy et Elzévir » (en ligne : édition Lyon 1612, réédition 1828).

L’édition moderne critique de référence est l’édition « Mommsen » (ou « Mommsen Kruger ») : Corpus iuris civilis. Editio stereotypa, Berlin, 1872-1895 : t. 1 : Institutes, éd. Paul Krueger et Digeste, éd. Theodor Mommsen, 1872 ; t. 2. Code, éd. P. Krueger, 1877 ; t. 3. Novelles, éd. Rudolf Schoell, Willelm Kroll, 1895. Cette édition a fait l’objet de nombreuses rééditions (et réimpressions contemporaines) et se trouve facilement en ligne (par ex. ici).

Le site The Roman Law Library est particulièrement recommandé pour accéder à ces éditions (https://droitromain.univ-grenoble-alpes.fr/).

Les traductions du Corpus romain

Le latin des Compilations justiniennes étant un latin complexe, il peut être bon de consulter des traductions modernes, qui existent en plusieurs langues.

Traductions en français : Corps du droit civil en Latin et en Français, traduit par Henri Hulot et alii, Metz, 1803-1811, 14 vol., et 3 vol. de suppléments (réimpr. Aalen, Scientia, 1979), en ligne ; Les Institutes de Justinien, traduction par Philippe Cocatre-Zilgien et Jean-Pierre Coriat, Paris, 2021.

Traductions en anglais : Birks Peter, McLeod Grant, Justinian’s Institutes, Londres, 1987, réimpr. 2001 ; Thomas Joseph, The Institutes of Justinian. Text, Translation and Commentary, Amsterdam, 1975 ; Watson Alan, The Digest of Justinian, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 4 vol. 1985.

Traductions en allemand : Otto Karl Eduard, Schilling Bruno, Sintenis Karl, Das Corpus juris civilis ins Deutsche übersetzt von, 1831-1839 (réimpr. Aalen, Scientia, 1984-1985) ; Behrends Okko, Knütel Rolf, Kupisch Berthold, Seiler Hans Hermann, Corpus iuris civilis, Text und Übersetzung, Heidelberg. Traduction en cours depuis 1991. Plusieurs volumes déjà parus : Institutionen (1991), Digesten 1-10 (1995), Digesten 11-20 (1999), Digesten 21-27 (2005), Digesten 28-34 (2012).

Traductions en italien : Schipani Sandro, Iustiniani Augusti Digesta seu Pandecta. Testo e traduzione, vol. I : 1-4 ; vol. II : 5-11, Milan, 2005.

Traductions en espagnol : Garcia del Corral Ildefonso, Cuerpo de Derecho Civil Romano, Barcelona, 1898 (en ligne) ; Hernandez Tejeron Francisco, El Digesto de Justiniano, Pamplona, 1968.

Traductions en néerlandais : Corpus Iuris Civilis. Tekts en Vertaling, sous la direction de J. E. Spruit, R. Feenstra, K. E. M. Bongenaar , J. M. Chorus, L. de Ligt, 13 volumes, La Haye-Zutphen, 1993-2011. Plusieurs volumes : Vol. 1 Institutes (1993), vol. 2-6 Digeste (1994-2001), vol. 7-9 Code (2006-2010), vol. 10-12 Novelles (2011), vol. 12 addendum : Libri Feudorum (2011).

L’élaboration des œuvres doctrinales : repères chronologiques
Le XIIe siècle et l’émergence des centres d’enseignements

Dès la fin du XIe siècle, ou plus sûrement le début du XIIe siècle, les textes de droit romain deviennent objet d’enseignement dans le cadre scolaire. L’ampleur considérable prise par les textes de droit romain dans l’Occident médiéval à partir du XIIe siècle est fortement liée à ce phénomène d’école : dans les studia puis les universités, s’élabore un nouveau savoir, résultant de la volonté de comprendre et d’expliquer les compilations justiniennes à l’aune des réalités médiévales. En faisant du droit romain un objet de réflexion et d’apprentissage, les savants du Moyen Âge donnent peu à peu naissance à une version médiévale du droit romain, marquée par les cadres de réflexion logique, les préoccupations juridiques et l’univers mental des contemporains (Kantorowicz, 1938 ; Cortese, 1995 et 1996).

Dans les écoles juridiques du XIIe siècle, la préoccupation principale est celle de la compréhension des textes romains, guidée par un souci pratique. Les juristes étudient les textes romains au moyen de la méthode de la « glose » : les livres justiniens sont lus en chaire dans l’ordre du texte, avec, pour chaque fragment, une explication du vocabulaire et des notions juridiques qui y apparaissent, parfois accompagnés d’un rapprochement avec d’autres fragments traitant des mêmes notions, de questions pratiques dont la résolution met en jeu ce fragment, ou d’une opinion personnelle de l’enseignant sur la manière de comprendre ou d’utiliser le passage (Weimar, 1973 ; Lange et Kriechbaum, 1997 ; Cairns et Du Plessis, 2010). Ces gloses circulent pendant tout le XIIe siècle d’une école à une autre et d’une génération à une autre. Elles sont reportées dans les marges de manuscrits contenant le texte justinien (apparat) ou dans des recueils de gloses où le texte justinien n’apparaît pas (somme) (Dolezalek, 2021).

Les glossateurs, pour définir ces termes juridiques romains dont ils ne connaissent pas le sens, comparent les fragments des compilations (qu’ils appréhendent comme un ensemble cohérent) et reconstituent, à partir de raisonnements logiques (leur enseignement se déroulant dans un contexte de logique boécienne), le sens que pourrait prendre tel ou tel terme ou les situations dans lesquels un même terme est amené à recouvrer des sens différents. En définitive, la méthode des glossateurs repose sur le surgissement de la définition juridique au moyen de la reconstitution du sens du texte, adossé à un très grand souci de praticité qui les amène à rapprocher les institutions juridiques romaines des réalités de leur temps.

Ce travail aboutit à la constitution progressive d’une « colossale banque de données conceptuelles et notionnelles » (Krynen, 2009), qui réactive le droit romain justinien tout en en changeant profondément le sens.

Si Bologne est l’une des écoles les plus précoces et les plus importantes dans la naissance de ce mouvement d’enseignement juridique (peut-être dès la fin du XIe, de façon certaine dans la décennie 1120), la concurrence européenne se forme très rapidement. Quatre grandes zones se dessinent (avec des chronologies distinctes), au sein desquelles circulent les mêmes textes et les mêmes enseignants, et où s’élaborent des doctrines cohérentes qui témoignent de véritables spécificités :

  1. L’aire française méridionale : dès la décennie 1120, les centres d’enseignement du droit romain se multiplient dans la vallée du Rhône, la région de Valence, Saint-Gilles, Arles, Avignon, tout le long de la côte méditerranéenne française jusqu’à Montpellier, et en remontant vers l’intérieur des terres (Gouron, 1978, 1984, 1987, 1993, 2000, 2006). Les œuvres originales qui en proviennent (somme Iustiniani est in hoc opere, Exceptiones Petri, Brachylogus, Lo Codi, etc.) témoignent à la fois d’un savoir juridique réellement maîtrisé par des maîtres souvent restés anonymes, et des progrès de la diffusion de la culture juridique romaine dans le monde des praticiens de la région.
  2. L’aire anglo-normande : les premières traces d’enseignement du droit romain en Angleterre apparaissent dès la fin de la décennie 1130 (Vacarius, Liber pauperum) (Kuttner et Rathbone, 1951 ; Zulueta et Stein, 1990 ; Taliadoros, 2006).
  3. L’aire nord-italienne : à partir de la décennie 1160, l’école bolonaise est concurrencée par de nombreux centres d’enseignement du droit romain (à Modène, Reggio, Mantoue, Parme, Plaisance, Pavie, etc.).
  4. L’aire parisienne et franco-rhénane : si l’enseignement juridique privilégié de la zone franco-rhénane (Paris, Reims, Mayence, Cologne, Metz) est avant tout le droit canonique, les œuvres canonistes parisiennes de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle témoignent d’une réelle et originale maîtrise du droit romain par leurs auteurs, probablement acquise dans des écoles locales (Coppens, 2009 ; Lefebvre-Teillard, 2019).

L’effervescence des écoles juridiques est bien pendant tout le XIIe siècle un phénomène massif, à l’échelle de toute l’Europe de l’Ouest. Cependant, les deux premières décennies voient s’éteindre un nombre important de ces structures d’enseignement juridique, sans que les raisons soient toujours connues.

L’épanouissement de la doctrine au XIIIe siècle

Le tissu scolaire du début du XIIIe siècle n’est plus celui du XIIe siècle. Bologne s’impose institutionnellement et doctrinalement comme la grande école du début du siècle. Ce moment correspond dans l’histoire de la science juridique à un vaste mouvement de synthèse des gloses accumulées depuis un siècle. Il se formalise par l’élaboration de la « glose ordinaire » sur les compilations de Justinien par Accursius – Accurse entre les décennies 1220 et 1260. Par son ampleur, la glose d’Accurse est un moment fondamental de l’histoire de la doctrine juridique : plus aucune partie des compilations justiniennes n’échappe au commentaire exégétique. C’est désormais accolé à la glose accursienne que circule le texte justinien. Surtout, la glose ordinaire réalise un véritable tri au sein des doctrines juridiques préexistantes, recueillant certaines traditions dans ce commentaire de référence mais en écartant d’autres. Bologne et les écoles nord-italiennes diffusent et perpétuent ainsi pour tout le XIIIe siècle une tradition doctrinale orthodoxe cristallisée dans la glose ordinaire, quand les nouveaux centres qui émergent dans les années 1230-1250 (Toulouse, Montpellier, Orléans, etc.) en sont plus éloignés.

Autour de ces écoles, les années 1260-1290 voient l’entrée dans la pensée juridique de nouvelles méthodes d’enseignement et de nouveaux modes de raisonnement (au moment où les guerres nord-italiennes conduisent étudiants et enseignants à se détourner de Bologne pendant près d’un quart de siècle), qui entraînent un changement considérable tant dans la manière d’enseigner que dans la doctrine produite (Meijers, 1959 et 1966 ; Feenstra, 1974, 1986, 1996). Une profonde rénovation de la pensée juridique se produit. L’école d’Orléans joue les premiers rôles (Waelkens, 1984 ; Bezemer, 1987, 1997, 2005 ; Bassano, 2023). Ce moment de transformation est traditionnellement présenté comme étant celui du passage des glossateurs aux commentateurs ; ces catégories historiographiques sont cependant trop rigides pour rendre compte de l’absence d’uniformité et de la fluidité avec laquelle s’opèrent les modifications (Lange et Kriechbaum, 2007).

Cette rénovation se caractérise par le recours à de nouvelles formes de logique juridique et à l’introduction dans le raisonnement juridique d’outils portés par la nova logica parisienne aristotélicienne (Brambilla, 1997 ; Errera, 2003 et 2007 ; Caprioli, 2006) : le raisonnement par syllogisme remplace progressivement le raisonnement par parallélisme ; la causalité est désormais perçue comme une notion métaphysique complexe, qui permet d’interpréter le texte justinien par sa cause finale et donc son but et sa raison d’être ; la dimension linguistique du texte justinien est désormais appréhendée comme susceptible d’interprétation et non plus seulement de définition (il s’agit moins de comprendre ce que dit le texte que de saisir comment il est susceptible d’interprétations différentes selon le contexte). Les outils traditionnels de raisonnement sont transformés par l’inscription dans ce nouveau cadre de pensée, à l’image de la distinctio : alors que la distinction sert traditionnellement aux civilistes à exposer les différents arguments contradictoires sur un même cas, elle se transforme vers 1260-1290 pour devenir un mécanisme d’exposition non plus des différentes solutions possibles à une même question, mais des différentes interprétations qui peuvent être données à la question, conditionnant ainsi des réponses distinctes, qui sont nuancées mais ne sont plus contradictoires. Ces nouveaux modes de raisonnement sont portés dans les écoles par des formes d’enseignements qui s’éloignent de la méthode exégétique de la glose au profit d’autres types d’exercice : la disputatio (discussion entre deux interlocuteurs échangeant des arguments juridiques pour apporter une solution à un cas pratique) et la repetitio (explication approfondie, sous une forme logique et synthétique, de toute une matière juridique à partir d’un fragment justinien) supplantent dans le dernier tiers du XIIIe siècle la lectura (le cours magistral lisant les fragments dans l’ordre du livre) comme lieu d’élaboration des doctrines les plus innovantes.

Ces nouveaux modes de raisonnements, qui débouchent sur des interprétations nouvelles des textes justiniens et nourrissent un grand renouvellement doctrinal, se diffusent dans toute l’Europe, jusqu’à servir de base à la reconstruction de l’Université de Bologne au début du XIVe siècle (Giordanengo, 1995a ; Waelkens, 1990).

Le triomphe du ius commune au XIVe et XVe siècles

Le début du XIVe siècle voit se produire d’importants changements dans les conditions matérielles d’élaboration de la doctrine civiliste. Les centres d’enseignements du droit se multiplient par l’action des autorités publiques, désormais conscientes de leur intérêt à encourager et protéger les études juridiques. La considérable augmentation du nombre d’universités (De Ridder-Symoens, 1992 ; Verger, 1986, 1997, 2013) et la grande mobilité qu’elle induit chez les enseignants conduisent à un relatif effacement de l’idée d’école et à un renforcement de l’idée d’universalité de la doctrine civiliste. Dans le Nord de l’Italie, le début du XIVe siècle voit la constitution d’un véritable groupe socio-professionnel autour du professorat universitaire (stratégies matrimoniales et dynastiques, constitution de fortunes familiales par l’université, accaparement des fonctions publiques) qui participe grandement au développement de l’idée d’acquisition de la noblesse par la pratique juridique (Ascheri, 1990 ; Gilli, 2003). Cette dynamique sociale n’est pas sans lien sur le renouvellement que connaissent au XIVe siècle les vecteurs de diffusion de la doctrine civiliste, avec l’explosion du genre des traités (qui correspondent à des œuvres de cabinet, quand les commentaria et lecturae antérieures avaient un lien plus prononcé avec l’enseignement) et des recueils de consilia (mêlant apports doctrinaux et pratiques professionnelles).

La doctrine civiliste produite au XIVe siècle et au début du XVe siècle est marquée par quelques grandes caractéristiques (Lange et Kriechbaum, 2007).

Le caractère synthétique des commentaires s’accentue, tout comme le détachement avec le texte romain dans les interprétations proposées. Cette doctrine est audacieuse dans ses constructions doctrinales et s’autorise un écart de plus en plus marqué avec la lettre du texte justinien, afin d’adapter le droit romain aux usages et institutions de l’époque. La doctrine romaniste est ainsi grandement revivifiée par des interprétations et des raisonnements de plus en plus audacieux qui débouchent sur une appréhension très concrète et pratique du droit romain. Cette doctrine aventureuse ne s’interdit aucun domaine de réflexion ni aucune source d’inspiration, et lorgne très largement du côté du droit canonique, tout particulièrement sous l’influence de Bartolus de Saxoferrato – Bartole (1313/4-1357) puis de Baldus de Ubaldi – Balde (c. 1327-1400). La science civiliste se veut englobante et interdisciplinaire. Le parfait exemple s’en trouve dans les traités De regulis iuris : les 210 règles insérées dans le livre 50 du Digeste avaient déjà retenu l’attention des juristes depuis le XIIe siècle ; mais à partir du début du XIVe siècle, des traités de nouvelle conception font leur apparition, qui mêlent sans distinction les regulae iuris du Digeste aux 88 règles contenues dans le Sexte de Boniface VIII (1298) et qui appellent de concert droit canonique et droit romain à l’appui de leurs analyses.

Un des grands pans de réflexion de la doctrine civilistes des XIVe et XVe siècles est la question des sources du droit, à travers les notions de ius commune (droit commun assimilé au droit savant romain) et de ius proprium (propre à un pays, une région, une ville). La doctrine romaniste développe l’idée que ius commune et iura propria font partie du même système juridique, et théorise l’idée que les dispositions locales ne sont que des exceptions et des dérogations aux dispositions générales. Ils en viennent ainsi à intégrer les droits locaux dans l’architecture du système romaniste. Rien n’échappe à l’unité et l’universalisme du droit romain ; les principes savants romains, élaborés par une doctrine se nourrissant de toutes les sources du droit, constituent un droit supérieur universel.

À travers l’enseignement universitaire, se diffuse auprès des esprits juridiques des XIVe et XVe siècle cette idée que le droit romain est un droit universel dont les principes s’imposent aux autres sources du droit.

Mais à la fin du XVe siècle, la doctrine romaniste s’enlise, les commentaires se noient dans de longs rappels d’innombrables divergences doctrinales sans plus proposer de créations et d’interprétations audacieuses. Iason de Maino (1435-1419) en est la parfaite illustration. Il laisse une œuvre prolifique témoignant de son incroyable connaissance de la doctrine antérieure, mais vide de presque toute opinion personnelle.

Dans un environnement intellectuel qui se transforme, la doctrine civiliste n’est plus porteuse d’innovation et de dynamisme. C’est vers d’autres méthodes que se tourneront les juristes de la fin du XVe siècle et du premier XVIe siècle pour renouveler la discipline.

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Repérer les juristes et leurs œuvres

Il n’existe pas de dictionnaire général des juristes médiévaux, à l’exception d’un répertoire du XVIe, à manier avec précaution (les informations doivent être corrigées à la lumière des connaissances actuelles). Il s’agit du Liber de claris iuris consultis (rééditions Berlin 1919, Bologne, 1928) de Thomas Diplovatatius (1468-1541). Les mêmes précautions s’imposent pour la consultation de Savigny, 1834-1851.

Plusieurs dictionnaires et répertoires spécialisés peuvent néanmoins être mis à contribution pour trouver des notices biographiques et bibliographiques sur les juristes du Moyen Âge, en particulier Halpérin, Krynen et Arabeyre 1995 ; Birocchi, Cortese, Mattone et Miletti, 2023 ; Stolleis, 1995. Peuvent également être mis à contribution Gauvard, De Libera et Zink, 1995 ou Lexikon, 1977-1999.

De nombreux articles et manuels proposent, en annexes ou notes, des notices biographiques et/ou bibliographiques de juristes médiévaux. On consultera avec intérêt les ouvrages suivants (et leurs index) pour démarrer une recherche : Coing, 1973 ; Lange et Kriechbaum, 1997 et 2007 ; Smith, 1975 ; Cortese, 1995 et 1996 ; Cavanna, 1982. Pour les juristes orléanais : Dyunstee, 2013, Bassano, 2023. Pour les juristes du Sud de la France : Meijers, 1959-1966 ; Gouron, 1984, 1993, 1996 et 2000. Pour les juristes canonistes (mais pouvant contenir d’intéressantes informations sur certains civilistes) : Condorelli et Domingo, 2011 ; Descamps et Domingo, 2019 et le Bio-Bibliographical Guide to Medieval and Early Modern Jurists.

La consultation de l’ensemble de cette documentation permet de proposer une liste chronologique succincte des juristes et œuvres de doctrine civiliste.

1078

Mort de Pepo (av. 1072 – ap. 1078)

1125

Mort de Irnerius (c. 1050/55 – c. 1125/30)

1130

Au cours de la décennie 1130 :

Summa Iustiniani est in hoc opere(c. 1130 ?)

Summa Trecensis(de Géraud le Provençal ? c. 1135-40 ?)

1149

Lo Codi (Raoul de Saint Gilles ?)

1150

Vers cette date : Exceptiones Petri (de Pierre de Cabannes ?),
livre de Tubingue, livre d’Ashburnham

1160

Dans la décennie 1160 : Epitome Exactis regibus

1162

Après cette date, mort de Rogerius (c. 1110 – ap. 1162)

1166

Mort de Bulgarus (c. 1100-1166)

Mort de Martinus Gosia (c. 1100 – c. 1166)

Vers cette date, Brachylogus juris civilis

1168

Vers cette date, mort de Hugo de Porta Ravennate (c. 1105 – c. 1168)

1170

Après cette date, mort de Anselmus de Orto (av. 1130 – ap. 1170)

1175

Mort de Obertus de Orto (c. 1100-1175)

1177

Ordo Olim edebatur (anglo-normand ?)

1178

Mort de Iacobus de Porta Ravennate (c. 1100-1178)

1180

Après cette date, mort de Géraud le Provençal (av. 1132 – ap. 1180)

Vers cette date, Summa Vindocinensis

1182

Mort de Placentinus (c. 1130 ? – 1182 ?)

1185

Avant cette date, mort de Raoul de Saint-Gilles (av. 1147-1183/85)

1186

Mort de Aubert de Béziers (av. 1148-1186 ?)

1190

Mort de Ranulf de Glanville (1120/30-1190)

1194

Après cette date, mort de Albericus de Porta Ravennate
(av. 1165 – ap. 1194)

1197

Mort de Iohannes Bassianus ( ?-1197)

Mort de Guillaume de Longchamp ( ?-1197)

Après cette date, mort de Vacarius (c. 1120 – ap. 1197)

1200

Après cette date, mort de Alexander de Sancto Aegidio ( ? – ap. 1200)

1201

Mort de Guillelmus de Cabriano (1130/35-1201 ?)

1204

Après cette date, mort de Gui Francesc

1210

Après cette date, mort de Pillius de Medicina (av. 1175 – ap. 1210)

1213

Après cette date, mort de Poncius de Ilerda (c. 1170/80 – ap. 1213)

1215

Après cette date, mort de Karolus de Tocco (av. 1161 – ap. 1215)

1220-30

Mort de Azon (c. 1160-1220/30 ?)

1234

Mort de Tancredus (c. 1185-1234/36)

1235

Mort de Iacobus Balduini (c. 1180-1235)

1243

Mort de Roffredus Beneventanus (c. 1170 – ap. 1243)

1244

Après cette date, mort de Iacobus de Ardizzone ( ? – ap. 1244)

1245

Mort de Guillelmus de Drogheda ( ?-1245)

Mort de Ubertus de Bobio (c. 1185-1245)

1246

Après cette date, mort de Bagarottus (c. 1175 – ap. 1246)

1248

Mort de Laurentius Hispanus ( ?-1248)

1252

Après cette date, mort de Benedictus de Isernia ( ? – ap. 1252)

1253

Après cette date, mort de Rainerius Perusinus (c. 1185 – ap. 1253)

1257

Après cette date, mort de Bernardus Dorna ( ? – ap. 1257)

1262

Mort de Accurse (c. 1181/86 – ap. 1262)

1265

Mort de Odofredus ( ?-1265)

Après cette date, mort de Guido de Cumis (c. 1210 – ap. 1265)

1266

Mort de Jean de Monchy ( ? – c. 1266)

1267

Mort de Henricus de Bracton (c. 1210-1267/68)

1269

Mort de Jean Blanc ( ? – c. 1269)

1271

Mort de Drouard de Hautvilliers (1197-1271 ?)

Après cette date, mort de Andreas Bonellus (av. 1260 – ap. 1271)

1272

Mort de Martinus de Fano (c. 1200-1272)

1273

Mort de Simon de Paris ( ?-1273)

1275

Mort de Raymundus de Pennaforte (v. 1175-1275)

1280

Mort de Salatiele (1210/20 – c. 1280)

1281

Mort de Jean de Blanot (c. 1230 – c. 1281)

1282

Mort de Thomas de Piperata (c. 1230 – av. 1282)

1285

Mort de Albertus Galeottus (c. 1220-1285 ?)

1286

Mort de Iohannes Fasolus (c. 1223-1286)

1288

Après cette date, mort de Iacobus de Arena (c. 1220 – ap. 1288)

1289

Mort de Egidius de Fuscarariis ( ?-1289)

1293

Mort de Franciscus de Accursio (1225-1293)

Mort de Guido de Suzaria (av. 1247-1293)

Après cette date, mort de Cervottus de Accursio (1240/41 – ap. 1293)

1295

Mort de Guillaume de Ferrières ( ?-1295)

1296

Mort de Guillaume Durand (1230-1296)

Mort de Jacques de Révigny (c. 1230-1296)

1297

Mort de Raoul de Chenevrières ( ?-1297)

1300

Mort de Rolandinus de Passageriis (c. 1215-1300)

1301

Mort de Jacques le Moiste de Bologne (1246/48 ? – 1301)

Après cette date, mort de Lambert de Salins ( ? – ap. 1301)

1303

Mort de Dinus de Mugello (c. 1253 – c. 1303)

1306

Mort de Pierre de Mornay ( ?-1306)

Mort de Martinus de Silimanis (c. 1250-1306)

1307

Mort de Raoul d’Harcourt ( ?-1307)

Mort de Pierre de Ferrières ( ?-1307)

1308

Mort de Pierre de Belleperche (1247 ?-1308)

1309

Mort de Albertus Gandinus (av. 1281-1309)

1312

Mort de Pierre de la Chapelle ( ?-1312)

Mort de Arnaud Arpadelle (1250 ?-1312)

Mort de Petrus de Anzola (1257/59-1312)

1313

Mort de Guido de Baysio ( ?-1313)

Mort de Jean le Moine ( ?-1313)

1314

Mort de Guillelmus de Accursio ( ?-1313/14)

1316

Mort de Andrea de Isernia (av. 1250-1315/16)

1328

Mort de Bartholomaeus de Capua (1248-1328)

1329

Mort de Hugues de Cairols ( ?-1329)

1335

Mort de Iacobus Belvisi (ap. 1270-1335)

1336

Mort de Cinus de Pistoia (c. 1270-1336)

Mort de Guillaume de Cunh ( ?-1336)

1337

Après cette date, mort de Oldradus de Ponte (c. 1270 – ap. 1337)

1338

Mort de Petrus Cerniti (c. 1270-1338)

1340

Mort de Jean Faure (c. 1275-1340)

1342

Mort de Amalvin de Caraigue ( ?-1342 ?)

Mort de Bertrand de Montfavez (1270 ?-1342)

1346

Après cette date, mort de Pierre Hélie ( ? – ap. 1346)

1347

Mort de Pierre Jacobi (c. 1270-1347)

1348

Mort de Iohannes Andreae (c. 1270/75-1348)

Mort de Iacobus de Butrigariis (c. 1274-1347/48)

1349

Mort de Pierre Bertrand l’Ancien (1280-1349)

1355

Mort de Bertrand de Deaux (1305 ?-1355)

1357

Mort de Bartolus de Saxoferrato (1313/14-1357)

Mort de Pierre Antiboul ( ?-1357)

1358

Mort de Rainerius de Forlivio (av. 1319-1358)

1360

Mort de Albericus de Rosate (c. 1290-1360)

1365

Mort de Iohannes Calderinus (c. 1300-1365)

1366

Mort de Angelus de Amelia (c. 1307-1366 ?)

1367

Mort de Thomas de Florentia (av. 1322-1367)

1379

Mort de Ricardus de Saliceto (av. 1310-1379)

1383

Mort de Iohannes de Lignano ( ?-1383)

Mort de Bertrand Chabrol (c. 1340 ?-1383 ?)

Mort de Jean Nicot (c. 1320-1383)

1390

Mort de Lucas de Penna ( ?-1390)

1399

Mort de Nicolaus Spinelli (1320/25-1399)

1400

Mort de Baldus de Ubaldi (1327-1400)

1407

Mort de Angelus de Ubaldi (1327-1407)

1408

Mort de Antonius de Butrio (c. 1338-1408)

1411

Mort de Bartholomaeus de Saliceto ( ?-1411)

1412

Mort de Petrus de Ubaldi ( ?-1412)

1416

Mort de Petrus de Ancharano (c. 1350-1415/16)

1417

Mort de Franciscus Zabarella (1360-1417)

1424

Mort de Dominicus de Sancto Geminiano (1375-1424)

Après cette date, mort de Baudet de Mâcon (av. 1393 – ap. 1424)

1425

Mort de Christophorus de Castellione (1345-1425)

1427

Mort de Raphael Fulgosius (c. 1367-1427)

Mort de Raphael Cumanus ( ?-1427)

Mort de Jean Noaillé (c. 1370 – c. 1427)

Après cette date, mort de Iohannes de Platea (c. 1380 – ap. 1427)

1428

Mort de Jacques Rebuffi (1332-1428)

1436

Mort de Iohannes de Imola (1370-1436)

1439

Mort de Ludovicus Pontanus (1409-1439)

1441

Mort de Paulus de Castro (1360/62-1441)

1444

Mort de Florianus a Sancto Petro ( ?-1441/44)

1445

Mort de Nicholaus de Tudeschis (Panormitanus) (1386-1445)

1446

Mort de Jean de Mâcon (1355 ?-1446)

1447

Mort de Angelus de Periglis ( ?-1447)

1461

Mort de Thomas Doctius (1401 ?-1461)

Mort de Angelus de Gambilionibus (1418 ?-1461)

1464

Mort de Iacobus de Puteo (av. 1423-1464)

1468

Mort de Iohannes de Turrecremata (1388-1468)

1471

Mort de Philippus Franchus (1420-1471)

1475

Mort de Alexander Tartagnus (1424-1475/77)

Mort de Bartholomaeus Caepolla (v. 1420-1475)

1477

Mort de Angelus de Castro ( ? – c. 1477)

1479

Mort de Andreas Barbatius ou Siculus (1400-1479)

Mort de John Fortescue (c. 1390 – c. 1479)

1481

Mort de Thomas Littleton (1415/22-1481)

1483

Mort de Franciscus de Accoltis dit l’Aretain (1416/18-1483/88)

1490

Mort de Baldus de Bartholinis (1409/14-1490)

1494

Mort de Iacobinus de Santo Georgio (1430-1494)

1496

Mort de Iohannes Baptista Caccialupus (c. 1425-1496)

1500

Mort de Lancellotus Decius (1444-1500)

1503

Mort de Felinus Sandeus (1444-1503)

1507

Mort de Bartholomaeus Socinus (1436-1507)

1517

Mort de Iohannes Crotus (c. 1475-1517)

1519

Mort de Iason de Maino (1435-1519)

1533

Mort de Philippus Decius (1454-1535)

Repérer les passages pertinents dans les œuvres doctrinales

Les auteurs médiévaux ont tendance, de l’un à l’autre et d’une époque à l’autre, à traiter d’un même sujet autour des mêmes fragments du corpus. Il convient donc de commencer son travail de recherche en repérant les sedes materiae, c’est-à-dire le ou les fragments du corpus autour desquels les auteurs vont discuter le sujet.

La recherche des sedes materiae peut se faire par plusieurs méthodes. La première méthode consiste à partir des textes du Corpus Iuris Civilis pour identifier les sedes materiae, la seconde méthode consiste à partir des textes doctrinaux commentant ce Corpus. La seconde méthode est incontournable et indispensable, mais la première n’est pas à négliger.

La première méthode consiste à identifier les sedes materiae à partir du corpus de droit romain lui-même. Il s’agit de repérer dans le Corpus Iuris Civilis les passages traitant d’un sujet précis, susceptibles d’avoir incité les auteurs médiévaux à produire des commentaires sur cet objet.

La localisation des sedes materiae dans le Corpus peut se faire au moyen des intitulés des titres du Corpus. Les éditions modernes du Corpus (en particulier l’édition Mommsen) présentent en début d’ouvrage des listes de l’ensemble des titres des différents ouvrages des corpus, par ordre alphabétique ou dans l’ordre du volume. Ces listes d’intitulés permettent de repérer les titres les plus susceptibles d’abriter des commentaires sur un sujet précis. Ces listes sont aussi accessibles en ligne (par ex. ici). Peuvent être aussi utilisés les index des titres et lois, en particulier Sinatti d’Amico (1964-1970).

La localisation des sedes materiae dans le Corpus peut se faire au moyen des thésaurus du Corpus. Ces outils ont été élaborés depuis la fin du XIXe siècle. Ils sont pratiques, mais doivent être maniés avec précaution (sur la prudence nécessaire dans leur utilisation : Sinatti d’Amico, 1968) : Thesaurus du Code de Justinien : Mayr, 1923-1925 ; Thesaurus du Digeste : Meinhart, 1933-1987 ; Thesaurus des Institutes : Ambrosino, 1942 ; Thesaurus des Authentiques : Bartoletti Colombo, 1977-1989.

Il existe également plusieurs thésaurus numériques qui permettent de rechercher les textes du Corpus romain par mot-clefs ou par emplacement ; Amanuensis est particulièrement recommandé.

La seconde méthode consiste à identifier les sedes materiae à partir des textes doctrinaux anciens. Cette méthode est incontournable. Elle est la seule qui permette réellement de constituer un ensemble pertinent et cohérent de sedes materiae.

Les index thématiques des éditions anciennes des textes doctrinaux doivent être compulsés systématiquement. Les éditeurs du XVIe siècle se sont livrés à un effort considérable d’indexation des textes doctrinaux qu’ils éditaient. Ces index alphabétiques sont situés au début ou à la fin de l’ouvrage, ils constituent parfois un tome séparé (en général, le dernier tome de la série). Ils fonctionnent par mots-clés classés par ordre alphabétique. Il convient donc, pour les utiliser de manière efficace, d’établir une large liste de termes liés à la recherche en cours.

Il existe également des dictionnaires doctrinaux anciens, qui pour chaque entrée, indiquent les sedes materiae habituels dans la doctrine médiévale ou donnent la localisation précise du commentaire d’un auteur sur le sujet. Le dictionnaire incontournable est celui d’Etienne Daoyz (Esteban, Estevan, Stephanus Daoyz, Daoys, Daois, Daoiz, mort en 1619). Une bonne édition en est : Stephanus Daoyz, Corpus juris civilis Justinianei cum commentariis Accursii, scholiis Contii et D. Gothofredi lucubrationibus ad Accursium […]. Tomus sextus : Index Iuris Civilis. Totius iuris civilis maxima distinctione contextus, Lyon 1627 (l’édition Lyon 1612 est accessible en ligne). Doit être consulté aussi le dictionnaire médiéval (rédigé vers 1350) d’Albericus de Rosate, Dictionarium iuris tam civilis quam canonici (éditions de références : Tridini 1519 ou Venise 1581).

Les outils numériques commencent aujourd’hui à offrir des possibilités de recherche hypertexte dans les versions numérisées de certains ouvrages anciens, y compris sur des écritures anciennes (par ex. dans Google Books), ce qui permet là aussi de repérer des sedes materiae.

La consultation des seuls index et dictionnaires anciens ne suffit pas à établir une liste pertinente de sedes materiae, elle ne permet qu’une première approche. À partir de cette première approche, il faut lire les commentaires doctrinaux, qui renvoient aux commentaires d’autres auteurs en les localisant. Ces commentaires renverront eux-mêmes à d’autres commentaires, qui renverront eux-mêmes à d’autres commentaires, etc. Il faut donc dérouler la pelote des commentaires en tirant sur un fil partant des écrits des auteurs les plus tardifs, et procéder de façon rétroactive, en remontant le temps doctrinal. Certains auteurs sont d’excellents points d’entrée vers la doctrine de leurs contemporains et prédécesseurs, parce que leurs commentaires sont particulièrement prolifiques. Constitue un bon point de départ pour le droit romain Iason de Maino, In [primam-secundam] [Codicis – Digesti veteris – Digesti novi – Infortiati] partem commentaria, Turin, 1592 ou Venise, 1573-1574 (index très complet dans le dernier volume). D’autres auteurs sont absolument incontournables soit parce qu’ils ont constitué la référence indépassable de leurs successeurs (qui ne font donc référence qu’à peu d’auteurs antérieurs ; pour connaître les positions des prédécesseurs, il faut donc consulter ces auteurs « pivots » qui, eux, se réfereront à leurs prédécesseurs), soit parce qu’ils font preuve d’une certaine originalité et apportent des références moins convenues que leurs contemporains.

Les ouvrages indispensables par lesquels commencer une recherche

Iason de Maino, In [primam-secundam] [Codicis – Digesti veteris – Digesti novi – Infortiati] partem commentaria, Turin, 1592 ou Venise, 1573-1574 (index très complet dans le dernier volume) (éditions Venise 1579 et 1585 ici).

Balde (Baldus de Ubaldi), Commentaria Omnia [I : In primam digesti veteris partem ; II : In secundam Digesti veteris partem ; III : In primam et secundam Infortiati partem ; IV : In digestum novum, tractatus de pactis, tractatus de constituto, praelectiones in IV Institutionum libros ; V : In primum, secundum et tertium codicis librum ; VI : In quartem et quintum codicis librum ; VII : In sextum codicis librum ; VIII : In VII, VIII, IX, X et XI codicis libros], Venise, 1599 (Goldbach, 2004) (édition Venise 1599 ici).

Bartole (Bartolus de Saxoferrato), Commentaria super [prima-secunda] [Digesti veteris ; Infortiati ; Digesti novi ; Codicis] partem, 8 tomes, Venise, 1516-1529 (Rome, 1996) (édition Lyon, 1547 ici).

Albericus de Rosate, In [primam-secundam] [Digesti veteris ; Infortiati ; Digesti novi ; Codicis] partem commentarii, Venise, 1585-1586 (= Opera Iuridica Rariora, 21-28, Bologne, 1974-1982) (éditions Venise, 1585-1586 ici et Lyon, 1545-48 ici).

Cinus de Pistoia, In codicem et aliquot titulos primi Pandectarum tome, id est Digesti veteris doctissima commentaria, Francfort, 1578 (Turin, 1964) (éditions Strasbourg, 1476 ici et Lyon, 1547 ici).

Jacques de Révigny, Lectura super Codice, sous le titre Petri de Bella Perthica, Super prima [secunda] parte Codicis, Paris 1519 (= Opera Iuridica Rariora, 1, Bologne, 1967) (édition Paris 1519 ici).

Odofredus, Lectura super codice, Lectura super Digesto Veteri, Lectura super Digesto Novo, Lectura super Infortiato, Lyon, 1552 (= Opera Iuridica Rariora, 2-5, Bologne, 1968-1969) (édition Lyon, 1552 ici).

Précautions à prendre dans le repérage des œuvres et des auteurs

La première précaution à prendre est de déterminer la pertinence du groupe d’auteurs ou de textes mobilisés. Il est matériellement difficile de lire tous les commentaires de tous les auteurs d’une période donnée sur un objet déterminé. Il y a toujours une part de sondage dans une étude portant sur la doctrine médiévale. Un groupe d’auteurs ou de textes est pris comme représentatif de la doctrine d’une école ou d’un moment. Le fait de mobiliser certains textes et d’en écarter d’autres ne peut évidemment pas relever de la seule facilité ou difficulté d’accès aux textes, mais doit obéir à une logique de pertinence et de représentativité de l’échantillon.

La représentativité de l’échantillon est éminemment liée au sujet de l’étude, il n’est donc pas possible de fixer une manière unique de la déterminer. Néanmoins, quelques lignes peuvent être tracées :

Il convient également de prendre des précautions dans l’utilisation des éditions anciennes.

En premier lieu, il faut manier avec précaution les index. Les index des éditions du XVIe siècle sont le reflet des préoccupations et centres d’intérêt des éditeurs de la période. Ils ne reposent pas sur un système d’indexation exhaustive des termes présents dans l’œuvre, mais sur un système de résumés de quelques mots, établis par les éditeurs, qui soulignent ce qui leur paraît être les points importants du commentaire de chaque fragment (ces résumés figurent non seulement dans l’index final, mais aussi en tête de chaque fragment, sous forme de liste numéroté). Ce sont les termes figurant dans ces résumés qui sont répertoriés dans les index. L’usage des index ne peut donc en aucune façon garantir l’identification de l’ensemble des termes nécessaires à l’étude.

En second lieu, il faut se méfier des erreurs d’attribution ou de datation des œuvres. Les éditions anciennes attribuent parfois de façon erronée les œuvres éditées. Il peut s’agir d’erreurs de bonne foi reflétant les connaissances scientifiques de l’époque, ou de forgeries destinées à rendre plus attractif un ouvrage (certains auteurs se vendant mieux que d’autres). L’erreur d’attribution peut porter sur l’ouvrage entier ou ne concerner que certains passages. L’utilisation d’un ouvrage ancien implique donc qu’il faut nécessairement compulser la littérature récente sur l’auteur et l’œuvre en question pour être en mesure de réattribuer toute ou partie de l’œuvre.

En troisième lieu, il faut être attentif aux coquilles et autres transformations. Toutes les éditions anciennes sont susceptibles de contenir des coquilles ou des transformations du texte initial. Ces transformations, le plus souvent involontaires, peuvent être délibérées. Il convient, à chaque fois qu’un texte paraît suspect, de vérifier une éventuelle altération dans une autre édition ou dans des manuscrits du texte. Les variantes ou reconstitutions doivent être indiquées quand elles sont mises à contribution dans l’étude.

Accéder aux manuscrits contenant des œuvres de droit romain médiéval
Recourir aux manuscrits

Toutes les recherches en droit savant médiéval ne nécessitent pas un recours aux manuscrits. Le recours aux manuscrits est cependant absolument nécessaire dans certains cas :

Repérer les manuscrits utiles

Le recours aux manuscrits implique de repérer ceux qui seront utiles à la recherche en cours, pour connaître leur localisation et avoir une première idée de leur contenu.

Ce repérage se fait à partir de catalogues des fonds et bibliothèques (ou d’ouvrages listant les manuscrits). Il peut s’agir soit de catalogues identifiant certains types de manuscrits juridiques dans de multiples fonds, soit de catalogues identifiant les manuscrits juridiques contenus dans un fonds précis. Les catalogues et ouvrages signalés ci-dessous permettent un premier repérage.

Le catalogue incontournable pour travailler sur les manuscrits de droit romain est Dolezalek, 1972 (une version du catalogue est disponible en ligne). Ce répertoire, qui recense 6764 manuscrits juridiques, est organisé en 4 tomes : les deux premiers recensent les manuscrits par bibliothèques, le troisième les recense par personnes (juristes dont les écrits sont contenus dans les manuscrits, possesseurs, scribes), le quatrième les recense par titre, incipit et explicit.

Existent aussi des catalogues et répertoires de manuscrits selon la nature des textes qu’ils contiennent.

Existent également des catalogues et répertoires recensant les manuscrits juridiques conservés par pays ou par institution. Parmi les plus importants, on notera :

Trois grandes institutions possèdent, en plus d’un fonds propre de manuscrits et d’éditions anciennes, des copies (sous différents formats) de milliers de manuscrits juridiques abrités ailleurs, permettant ainsi aux chercheurs de consulter en un seul lieu tous ces manuscrits : la Robbins Collection à l’University of California, Berkeley ; le Max-Planck Institut für Rechtsgeschichte und Rechtstheorie à Francfort et l’Istituto di storia del diritto italiano à Milan.

De plus en plus de bibliothèques et d’institutions numérisent leurs manuscrits. Parmi les sites importants regroupant plusieurs centaines de manuscrits juridiques numérisés, on notera les manuscrits numérisés de la bibliothèque vaticane, les manuscrits numérisés des bibliothèques françaises hors BnF, les manuscrits numérisés de la Bibliothèque nationale de France et les manuscrits numérisés de l’Istituto di storia del diritto italiano de Milan.

Lire et comprendre un texte de doctrine civiliste médiévale
Comprendre les allégations des fragments du Corpus Iuris Civilis dans les textes doctrinaux

Les commentaires doctrinaux renvoient de façon très fréquente à des fragments des corpus juridiques ou d’autres œuvres doctrinales. Mais la façon médiévale de désigner les fragments des corpus juridiques n’est plus la nôtre. Nous les désignons par une numérotation introduite dans les éditions critiques depuis le XVIe siècle, quand les médiévaux les désignaient par les premiers mots du fragment, souvent abrégés.

La référence incontournable pour comprendre le système des citations médiévales de droit romain et de droit canonique et apprendre à les déchiffrer est Giordanengo, 1995b et 1995c. Une présentation plus complète (moins pédagogique, mais incontournable s’il s’agit de transcrire des références dans une étude universitaire) de ce système de citations se trouve dans Feenstra et Rossi, 1961.

Dans ce système de citation, les allégations commencent par indiquer le volume du Corpus Iuris auxquelles elles renvoient, en utilisant une lettre ou une abréviation.

Abréviations désignant les volumes du Corpus

C.

Code de Justinien

ff.

Digeste de Justinien (correspond à une déformation d’un D barré)

Inst.

Institutes de Justinien

Auth./ Nov.

Authentiques ou Novelles de Justinien

Ce système de citations par les premiers mots d’un canon ou d’une loi s’accompagne parfois de précisions (souvent abrégées) sur l’emplacement plus détaillé de la référence au sein d’une loi ou d’un paragraphe.

Abréviations les plus courantes pour désigner l’emplacement d’une référence

pr. ou in princ.

in principio (au début, dans le préambule)

in fi.

in fine (à la fin)

seq.

sequente (dans le suivant)

ult.

ultimo (dans le dernier)

in penult.

in penultimo (dans l’avant-dernier)

in gl.

in glosae (dans la glose)

 

Il existe des tables de concordance pour trouver, à partir d’une citation de la Vulgate médiévale, la numérotation moderne correspondante dans les éditions actuelles (Sinatti d’Amico, 1964-1970).

Tableaux synthétiques du système de citations de droit romain

Citations du Code de Justinien

Citations anciennes

Citations contemporaines

Principe

Dans les manuscrits médiévaux et éditions anciennes, le Code de Justinien est divisé en livres, titres, lois et éventuellement paragraphes.

Les références médiévales au Code de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage par une lettre (le Code de Justinien est désigné par C) + indication du livre et du titre par les premiers mots du titre + indication de la loi par les premiers mots de la loi (+ éventuellement, indication du paragraphe par les premiers mots du paragraphe)

Principe

Dans les éditions critiques modernes, le Code de Justinien est divisé en livres, titres, lois et éventuellement paragraphes.

Les références modernes au Code de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (le Code de Justinien est désigné par C) + indication du livre par un numéro + indication du titre par un numéro + indication de la loi par un numéro (+ éventuellement, indication du paragraphe par un numéro)

Exemple

C. de rei ven. Cum a matre.

« C » indique l’ouvrage (Code de Justinien), « de rei ven. indique le titre (titre « de rei vendicatione », qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au livre 3, titre 32), « Cum a matre » indique la loi (qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines à la loi 14 du titre 32 du livre 3).

Exemple

C. 3. 32. 14.

« C. » indique l’ouvrage (Code de Justinien), la suite de nombres indique dans l’ordre le livre, le titre, la loi. Il s’agit donc de la loi 14 du titre 32 du livre 3 du Code de Justinien.

Cas particulier

Pour les Tres libri (livres 10 à 12 du Code, rattachés au Volumen), le même mode de citation est utilisé, mais le numéro du livre du Code dans lequel se trouve la loi est souvent précisé en fin de citation.

Exemple : C. de exac. trib. Act. caet. li. X

« C. » indique l’ouvrage (Code de Justinien), « de exac. trib. » indique le titre (titre « de exactoribus tributorum » qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au livre 10, titre 19), « Act. caet. » indique la loi « actores caeterique » (qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines à la loi 4 du titre 19 du livre 10) , « li. X » précise que ce titre est situé dans le livre 10 du Code. Dans une édition moderne, la référence à cette loi prend la forme : C. 10. 19. 4.

Dans les éditions modernes et contemporaines, le mode de citation ne distingue pas les Tres libri du reste du Code.


Citations du Digeste de Justinien

Citations anciennes

Citations contemporaines

Principe

Dans les manuscrits médiévaux et éditions anciennes, le Digeste de Justinien est divisé en livres, titres, lois et éventuellement paragraphes.

Les références médiévales au Digeste de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (le Digeste de Justinien est désigné par ff) + indication du livre et du titre par les premiers mots du titre + indication de la loi par les premiers mots de la loi
(+ éventuellement, indication du paragraphe par les premiers mots du paragraphe).

Principe

Dans les éditions critiques modernes, le Digeste de Justinien est divisé en livres, titres, lois et éventuellement paragraphes.

Les références modernes au Digeste de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (le Digeste de Justinien est désigné par D. ou Dig.) + numéro du livre + numéro du titre + numéro de la loi (+ éventuellement, numéro du paragraphe).

Exemple 1

ff. de fund. dot. Si marito deb.

« ff. » indique l’ouvrage (Digeste de Justinien), « de fund dot. » indique le titre (titre « de fundo dotalis », qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au livre 23, titre 5), « Si marito deb. » indique la loi (« si marito debitori », qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines à la loi 9 du titre 5 du livre 23). Dans une édition moderne, la référence à cette loi prend la forme : D. 23. 5. 9.

Exemple 1

D. 23. 5. 9.

« D. » indique l’ouvrage (Digeste de Justinien), la suite de nombres indique dans l’ordre le livre, le titre, la loi, le paragraphe. Il s’agit donc de la loi 9 du titre 5 du livre 23 du Digeste de Justinien.

Exemple 2

ff. ex quib. cau. § quod edictum

« ff. » indique l’ouvrage (Digeste de Justinien), « ex quib. cau. » indique le titre (titre « ex quibus causis maiores », qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au livre 4, titre 6), le nom de la loi (« ergo sciendum ») est omis, seul est indiqué le nom du paragraphe « quod edictum » qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au paragraphe 2 de la loi 22 du titre 6 du livre 4. Dans une édition moderne, la référence à cette loi prend la forme : D. 4. 6. 22. 2.

Exemple 2

D. 4. 6. 22. 2.

« D. » indique l’ouvrage (Digeste de Justinien), la suite de nombres indique dans l’ordre le livre, le titre, la loi, le paragraphe. Il s’agit donc du paragraphe 2 de la loi 22 du titre 6 du livre 4 du Digeste de Justinien.


Citations des Institutes de Justinien

Citations anciennes

Citations contemporaines

Principe

Dans les manuscrits médiévaux et éditions anciennes, les Institutes de Justinien sont divisées en livre, titre et paragraphe.

Les références médiévales aux Institutes de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (les Institutes sont désignées par Inst.) + indication du livre et du titre par les premiers mots du titre + indication du paragraphe par les premiers mots du paragraphe.

Principe

Dans les éditions critiques modernes, les Institutes de Justinien sont divisées en livre, titre et paragraphe.

Les références modernes aux Institutes de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (les Institutes sont désignées par Inst.) + numéro du livre + numéro du titre + numéro du paragraphe

Exemple

Inst. de inoff. test. § non autem lib.

« Inst. » indique l’ouvrage (Institutes), « de inoff. test. » indique le titre (titre « de inofficioso testamento » qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines au livre 2, titre 18), « § non autem lib. » indique le paragraphe (« non autem liberis » § 1 de ce titre).

Exemple

Inst. 2. 18. 1.

« Inst. » indique l’ouvrage (Institutes de Justinien), la suite de nombres indique dans l’ordre le livre, le titre, le paragraphe. Il s’agit donc du §1 du titre 18 du livre 1 des Institutes de Justinien.


Citations des Authentiques ou Novelles de Justinien

Citations anciennes

Citations contemporaines

Principe

Dans les manuscrits médiévaux et éditions anciennes, les Novelles de Justinien sont divisées en collation (ou livres), titre et chapitre (ou paragraphe).

Les références médiévales aux Novelles de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (les Authentiques sont désignées par « Auth. ») + indication du titre par les premiers mots du titre + indication du chapitre (ou paragraphe) par les premiers mots (+ indication éventuelle de la collation).

Principe

Dans les éditions critiques modernes, la référence aux Authentiques dans la division de la Vulgate médiévale est souvent accompagnée de la référence aux Novelles dans la division critique actuelle.

Les références modernes aux Authentiques de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (les Authentiques sont désignées par « Auth. »] + numéro du livre + numéro du titre + numéro du chapitre.

Les références modernes aux Novelles de Justinien comprennent les éléments suivants : indication de l’ouvrage (les Novelles sont désignées par « Nov. ») + numéro de la novelle + numéro du chapitre (+ numéro éventuel du paragraphe).

Exemple

Auth. ut liceat matri et auie. Quia vero ita.

« Auth. » indique l’ouvrage, « ut liceat matri et auie. » indique le titre (titre qui correspond dans les éditions modernes et contemporaines à la collation 8 titre 18), « Quia vero » le chapitre ou paragraphe (§1). Dans une édition moderne, la référence à cette authentique prend la forme : Auth. 8. 18. 1.. Elle est en général suivie de la référence à la division critique.

Exemple

Auth. 8. 18. 1. – Nov. 117. 15. 1.

« Auth. » indique l’ouvrage (Authentiques), la suite de nombres indique dans l’ordre le livre, le titre et le chapitre ou paragraphe.

La référence aux Authentiques est suivie de la référence aux Novelles. « Nov. » indique l’ouvrage (Novelles), la suite de nombres indique dans l’ordre le numéro de la novelle, le chapitre puis éventuellement le paragraphe.

Cas particulier

Certaines Authentiques ont, au Moyen Âge, été insérées dans le Code (quand elles venaient compléter une constitution impériale présente au Code). Elles ne font donc pas l’objet de commentaires à leur place « normale » dans le livre des Authentiques, mais à la suite du passage du Code duquel elles ont été rapprochées.

Dans une édition moderne, ces authentiques déplacées apparaissent sous la forme « Auth. post. C. 4. 1.3. 5. ». ou « Auth. post C. 1. 2. 13. = Nov. 5. 5. »

 

 

Remarques sur ces tableaux :

Identifier la nature ou le genre littéraire d’un texte doctrinal

Il existe plusieurs formes de textes doctrinaux, qui peuvent coexister au sein d’un même manuscrit ou d’un même ouvrage. Certaines sont le reflet de l’enseignement et correspondent à des formes de cours ou d’exercices pratiqués dans les écoles juridiques médiévales (lectura, repetitio, disputatio). D’autres sont des œuvres de cabinet, qui s’éloignent des formes professées en cours (ordo, tractatus).

Il importe de les distinguer pour comprendre ce qui, dans la source, vient d’une version proche du rédacteur et ce qui est réécrit, amendé, corrigé par d’autres au terme d’un processus de mise en forme du manuscrit ou de l’édition moderne. Il s’agit également de comprendre la coexistence de plusieurs versions pour un même texte sans pour autant qu’il s’agisse de la transcription d’un original. Il s’agit aussi de comprendre ce qui dans la version écrite d’une œuvre doctrinale relève de la contrainte formelle inhérente à un genre littéraire précis, pour ne pas mésinterpréter les propos de l’auteur.

Il ne faut pas se fier, pour identifier le genre littéraire d’un texte doctrinal, à l’intitulé sous lequel il figure dans les manuscrits, les catalogues de manuscrits, et plus encore dans les éditions du XVIe siècle.

Précautions à prendre dans la lecture d’un texte doctrinal médiéval

La première précaution à prendre dans la lecture d’un texte doctrinal médiéval relève de l’attribution et de la datation. Tous les passages d’un même manuscrit ou imprimé ne sont pas nécessairement du même auteur ou de la même période. En particulier, un cours complet (lectura) sur un livre des compilations n’est pas nécessairement le reflet du cours dispensé lors d’une unique année universitaire. Cela s’explique par la chaîne de production des manuscrits médiévaux autour des universités (Bataillon, 1988 ; Soetermeer, 1997) : les manuscrits universitaires (sur lesquels s’appuient les éditions du XVIe siècle) sont souvent des collages ou des reconstitutions d’un ensemble fictif. Il convient donc de compulser la littérature récente sur l’auteur et l’œuvre en question. Il faut également garder à l’esprit que les éléments de datation ou localisation trouvés dans le texte ne valent que pour le passage concerné, et non pas nécessairement pour la totalité de l’ouvrage.

La seconde précaution à prendre dans la lecture d’un texte doctrinal médiéval est liée à l’usage des abréviations. Les manuscrits et éditions anciennes ont massivement recours aux abréviations. Un même terme peut être abrégé de manière différente au sein d’un même ouvrage. La compréhension rapide des abréviations vient avec l’habitude de la fréquentation de ces textes. L’outil de travail incontournable, fréquemment réédité, est Adriano Cappelli, Dizionario di abbreviature latine ed italiane, 7e édition, 1928, Milan (dernière impression 2011, Hoepli, Milan ; également en ligne). Ce dictionnaire est indispensable.

Dans les œuvres doctrinales médiévales, les renvois fréquents à d’autres œuvres et à d’autres juristes apparaissent sous forme d’abréviations. Un même nom peut être abrégé de manière différente d’un texte à l’autre ou même au sein du même texte. Dans les transcriptions, il est d’usage de conserver les noms sous leur forme latine, à l’exception de ceux pour lesquels la francisation (Accurse, Jacques de Révigny, etc.) ou l’italianisation (Cino da Pistoia) est traditionnellement admise. Dans les index, il est bon de donner les deux formes (latin et langue vernaculaire), même si une seule a été utilisée dans le corps du texte.

Il n’existe pas de liste générale des abréviations des noms de juristes médiévaux. Seule la fréquentation des textes permet de créer des habitudes et des réflexes. La liste suivante présente les abréviations les plus courantes pour désigner dans les textes doctrinaux les juristes du Moyen Âge.

Abréviations des noms de juristes médiévaux

A., Al.

Alanus (Alanus Anglicus) ou Albertus (Albertus Gandinus ou maître Albert) ou Albericus (Albericus de Rosate ou Albericus de Porte Ravennata)

Alb.

Albertus (Albertus Gandinus ou maître Albert) ou Albericus (Albericus de Rosate ou Albericus de Porte Ravennata)

Ab. ant.

Abbas antiquus (= Bernard de Montmirat)

Ac., Acc.

Accurse

Ang.

Angelus de Ubaldis

Ant. de But.

Antonius de Butrio

Ar.

Iacobus de Ardizzone

Arch..

Archidiaconus (= Guido de Baisio)

Az. ; Azo., Aç

Azon

B.

Bartholomaeus Brixiensis ou Iohannes Bassianus ou Bernardus Parmensis ou Bulgarus ou Iacobus Balduini

B. ; Bar. ; brixi.

Bartholomaeus Brixiensis

B. ; Baz.

Iohannes Bassianus

B. ; Ber. ; Bern.

Bernardus Parmensis

Ba., Bag.

Bagarottus

Bal. ; Bald

Baldus de Ubaldi

Bart.

Bartolus de Saxoferrato

B., Bu., Bul., Bulg.

Bulgarus

Bis. ; Si.

Simon de Bisignano

But.

Antonius de Butrio

C., Card.

Cardinalis (Raymond des Arènes)

Card. Flo.

Cardinalis Florentinus (Franciscus Zabarella)

Compost.

Bernardus Compostellanus iunior

Cy. 

Cinus de Pistoia

Di., Dy.

Dinus de Mugello

Dur.

Guillaume Durand

G. Dur.

Guillaume Durand

G. de Ca.

Guillelmus de Cabriano

G. de Cun.

Guillaume de Cunh

G. de Mon. Lau.

Guillaume de Montlauzun

Gen.

Jesselin de Cassagnes

Go. ; Gof.

Goffredus de Trani

Guar.

Irnerius

H. ; Hu. ; Hug.

Huguccio ou Hugo de Porta Ravennate ou Hugolinus
de Presbiteris

Hen., Hr.

Henri Bohic

Ho. ; Host.

Henricus de Segusio (Hostiensis)

Imo

Iohannes de Imola

Inn.

Sinibaldus Fieschi (Innocent IV)

I., Ir.

Irnerius

Jac. Bal.

Iacobus Balduini

Jac. But.

Iacobus de Butrigariis

Jac. de Are.

Iacobus de Arena

Ja. de Bel. ; Bello.

Iacobus Belvisi

Ja. de Ra.

Jacques de Révigny

Jo. An. ; Joan. And.

Iohannes Andreae

Jo. de Bru., de Bla

Jean de Blanot

Jo. de f. ; Jo. Fav. 

Iohannes Faventinus

Jo. de Lig.

Iohannes de Lignano

Jo. G. ; Jo. Gal.

Iohannes Galensis

Jo. Mo.

Jean Lemoine

Jo. ; Jo. B.

Iohannes Bassianus

Jo. ; Jo. Teutonicus

Iohannes Teutonicus

l. ; la. ; lau. ; laur.

Laurentius Hispanus

Lud. ; Lud. rom.

Ludovicus Pontanus

M., Ma., Mar. M.G.

Martinus Gosia

Mart. Fa.

Martinus de Fano

Odo. ; Odof.

Odofredus

Ol.

Oldradus de Ponte

Ost.

Henricus de Segusio (Hostiensis)

P. Ber.

Pierre Bertrand l’Ancien

P. Ys.

Petrus Hispanus

Pan. ; Panor.

Nicolaus de Tudeschis (Panormitanus ou Abbas Siculus)

Pet. de Bel.

Petrus de Bellapertica, Pierre de Belleperche

P., Pla., Plac.

Placentinus

Py. ; Pil.

Pillius de Medicina

R.

Ricardus Anglicus

R. ; Rog.

Rogerius

R. ; Ru.

Rufinus

Ra. ; Ray

Raymundus de Pennaforte

Rof.

Roffredus Beneventanus

Nic. Sic.

Nicolaus de Tudeschis (Panormitanus ou Abbas Siculus)

Sil.

Silvester

Sill. ; Syll.

Martinus de Silimanis

Spe. ; Spec.

Guillaume Durand (Speculator)

Ste.

Etienne de Tournai

Sy.

Simon de Paris ou Simon de Bisignano

U. ; Ug.

Huguccio ou Hugo de Porta Ravennate ou Hugolinus de Presbiteris

V. ; W.

Guillelmus de Cabriano

Vi. ; Vic. ; Vinc.

Vincentius Hispanus

W. de Cun

Guillaume de Cunh

Y. ; Yr.

Irnerius

Zab.

Franciscus Zabarella

La troisième précaution à prendre dans la lecture d’un texte doctrinal médiéval relève de la difficulté à différencier propos de l’auteur et propos rapportés par l’auteur. Il n’est pas toujours facile pour le novice de repérer dans un texte doctrinal si les doctrines présentées sont celles de l’auteur ou celle d’un tiers dont l’auteur rapporte la pensée. Les difficultés proviennent pêle-mêle de l’usage des signes de ponctuation dans les manuscrits et éditions anciennes, de l’usage d’abréviations, de certains usages de citations qui ne répètent pas le nom de l’auteur cité, de la manière médiévale de construire un commentaire en s’emparant des idées et des mots d’un autre (construction dite « en mosaïque »), du fait qu’une partie des textes ne sont pas rédigés par l’auteur lui-même mais proviennent de prises de notes de ses élèves, ce qui fausse la compréhension de formules telles que dominus domini mei dicebat, etc. La fréquentation des textes rend la pratique plus aisée, mais il convient pour les débutants d’y être particulièrement attentifs, et de s’attacher à repérer les ut., ar., arg. qui introduisent souvent citations et allégations.

La quatrième précaution à prendre dans la lecture d’un texte doctrinal médiéval touche au caractère parfois silencieux ou peu explicite des sources. Il faut aborder les sources savantes médiévales avec un certain état d’esprit. Il est rare d’y trouver de riches développements qui vont répondre exactement aux problèmes envisagés dans l’étude. Les dépouillements, longs et fastidieux, ne procurent souvent que des commentaires lapidaires de quelques lignes, et/ou sur des formules identiques d’un juriste à l’autre (parfois pendant plusieurs décennies ou siècles). Le chercheur qui se penche sur les sources doctrinales médiévales doit accepter que le silence, l’absence d’intérêt de la doctrine pour un sujet à un moment, la répétition sans originalité ou la reprise sans modification par toute une partie de la doctrine sont autant d’éléments révélateurs de la pensée juridique d’une époque. L’opinio communis n’est pas nécessairement originale. La brusque révolution intellectuelle ou le coup de génie d’un individu n’est pas nécessairement représentatif de l’évolution de la pensée. La révolution est un accident ; la situation « normale » de la pensée juridique se trouve bien plus dans l’évolution lente, repérable dans la répétition de formule où les termes ne changent que lentement sur plusieurs décennies.

POUR FAIRE LE POINT

TRANSCRIPTION DU FOLIO (LES LIGNES SONT INDIQUÉES) :

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